Régime de taxation des plus-values immobilières en France

Quelles sont les opérations concernées par la taxation des plus-values immobilières ?

Le régime fiscal des plus-values immobilières, encadré par les articles 150 U et suivants du Code Général des Impôts CGI, concerne les cessions à titre onéreux de biens immobiliers bâtis ou non bâtis, ou de droits relatifs à ces biens, telles que :

Exclusions : Les mutations à titre gratuit (donations, successions) ne sont pas concernées par ce régime fiscal (article 150 U-II du CGI).

Quelles sont les personnes concernées par ce régime fiscal ?

Ce régime s’applique :

Comment déterminer la base d'imposition ?

1. Détermination de la plus-value brute

La plus-value brute correspond à la différence entre le prix de cession et le prix d’acquisition, ajustés comme suit :

Prix de cession

Défini à l’article 150 VA du CGI, le prix de cession est diminué des frais suivants, sur justificatifs :

 

– Diagnostics obligatoires ;

– Frais de mainlevée d’hypothèque ;

– Commissions d’agence immobilière payées par le vendeur ;

– TVA acquittée.

Prix d’acquisition

Conformément à l’article 150 VB du CGI, il inclut :

 

– Le prix d’achat ou la valeur déclarée dans une succession/donation ;

– Les frais d’acquisition : soit leur montant réel justifié, soit 7,5 % forfaitaire du prix d’achat ;

– Les dépenses de travaux : soit leur coût réel justifié (si réalisées par une entreprise), soit une majoration forfaitaire de 15 %, pour les biens détenus depuis plus de 5 ans.

Le prix de cession peut également être majoré des charges ou indemnités versées par l'acquéreur (exemple : indemnité d'éviction).

2. Calcul de la plus-value nette imposable

La plus-value nette est obtenue après déduction des abattements pour durée de détention.

Quels sont les abattements pour durée de détention ?

Les abattements varient selon l’impôt (article 150 VC du CGI et article L.136-7 du CSS) :

Durée de détention (en années)
Abattement pour l’IR
Abattement pour les prélèvements sociaux
Jusqu’à 5 ans
0 %
0 %
De la 6ème à la 21ème année
6 % par an
1,65 % par an
22ème année
4 %
1,6 %
Au-delà de la 22ème année
Exonération
9 % par an
Au-delà de la 30ème année
Exonération totale
Exonération totale

Comment la taxation s'applique-t-elle ?

Montant de la plus-value nette imposable
Taux de surtaxe
50 001 € à 100 000 €
2 %
100 001 € à 150 000 €
3 %
150 001 € à 200 000 €
4 %
200 001 € à 250 000 €
5 %
> 250 000 €
6 %

Quelles sont les exonérations possibles ?

Type d’exonération
Conditions
Résidence principale
Habitation effective au jour de la cession (article 150 U-II-1° du CGI)
Prix de vente < 15 000 €
Par personne ou par couple (article 150 U-II-6° du CGI)
Réinvestissement dans une résidence principale
Première cession d’une résidence secondaire avec remploi dans un délai de 24 mois (article 150 U-II-1°bis du CGI)
Retraités ou invalides modestes
Sous conditions de revenus (article 150 U-III du CGI)
Résidence en établissement spécialisé
Si cession dans un délai de 2 ans suivant l’entrée (article 150 U-II-1°ter du CGI)

Quelles sont les obligations déclaratives et de paiement ?

Focus sur lʼimpact de la loi de finances pour 2025

La Loi de Finances pour 2025 a introduit une modification majeure dans le calcul des plus-values immobilières pour les Loueurs en Meublé Non Professionnels (LMNP). Cette réforme implique que les amortissements déduits sur le bien immobilier seront désormais réintégrés dans le calcul de la plus-value imposable lors de sa revente.

Locations concernées

Le changement s’applique à toutes les locations sous le statut LMNP, y compris :

Les locations nues ne sont pas concernées, car elles suivent déjà le régime des plus-values des particuliers sans prise en compte des amortissements.

Fiscalité avant la réforme

Avant 2025, la plus-value imposable était calculée comme la différence entre le prix de vente et le prix d’acquisition, sans tenir compte des amortissements déduits pendant la période de location. Cela permettait aux investisseurs de réduire leur base imposable grâce au régime réel.

Nouvelles règles de calcul

À partir de 2025, les amortissements sont réintégrés dans le calcul de la plus-value immobilière, augmentant ainsi la base imposable et, par conséquent, l’impôt dû lors de la cession du bien.

Exemple chiffré

Avant 2025 : Un bien acheté à 200 000 € et revendu à 300 000 €, avec 50 000 € d’amortissements, générait une plus-value imposable de 100 000 €.

Après 2025 : Avec la réintégration des amortissements, la plus-value imposable passe à 150 000 €, ce qui augmente l’impôt total d’environ 50 % (de 36 200 € à 54 300 € pour un taux global de 36,2%).

Conséquences fiscales

Cette réforme a pour effet d’augmenter la charge fiscale des investisseurs en LMNP lors de la revente de leurs biens. Les amortissements, qui étaient auparavant un avantage fiscal permettant de réduire la base imposable, deviennent un élément augmentant la plus-value imposable.

Conclusion

La réintégration des amortissements dans le calcul des plus-values immobilières pour les LMNP représente un changement significatif dans la fiscalité immobilière. Les investisseurs doivent désormais prendre en compte cette nouvelle règle dans leur stratégie d’investissement et de gestion de patrimoine.